Quidditch Afternoon [ feat Faith ]

À moitié avachie sur son siège, la jeune femme attendait impatiemment la fin de son cours. Celui-ci était plus qu'ennuyant et elle avait bien mieux à faire. En effet, en cette fin d'après-midi, la Serpentard devait se rendre sur le terrain de Quidditch pour un entraînement planifié depuis déjà plusieurs semaines. Le premier match de la saison arrivait à grands pas et son équipe ne pouvait pas se permettre de perdre contre les Gryffondors. Dès que le professeur annonça que les élèves étaient libres de quitter la salle, la verte et argent s'empressa de rejoindre ses camarades à l'extérieur du château. Dehors, quelques rayons du soleil transperçaient les nuages pour laisser place à une douce luminosité. Il avait plu dans la matinée, mais cela n'avait pas duré. C'était un avantage de plus pour voler sur les balais. Ainsi, les joueurs du célèbre sport sorcier n'aurait pas à gérer les averses et le vent.

Une fois arrivée dans les vestiaires en s'esclaffant, Faith discuta quelques minutes avec les membres de l'escouade avant d'enfiler sa tenue. Munie d'une robe et de son Nimbus 2001, la brune était prête à commencer l'entraînement. Le terrain était encore quasiment vide. Pour le moment, seuls quelques admirateurs ainsi le professeur de vol également arbitre étaient présents. Attendant que ses acolytes et que l'équipe adverse aient fini de se préparer, la sorcière en profita pour se placer sur le stade afin de s'échauffer. Mais une élève retint son intention. Aucun doute, c'était une rouge et or.

Ayant aperçu Olivia en train de ratisser le sable, l'étudiante de septième année ne put s'empêcher de s'approcher pour la saluer, ou plutôt pour l'importuner. « Tiens, tiens, ne serait-ce pas notre chère Phelps en train de faire un château de sable ? » Ricanant, la brunette la toisa de haut en bas d'un air moqueur. « Je peux savoir ce que tu fais ici ? Ce n'est pas ta place. Va donc jouer aux bavboules avec tes pitoyables confrères au lieu de salir le terrain. Quel dommage que tu sois incapable de grimper sur un balai et que tu aies été virée de l'équipe. » Une Serpentard dans toute sa splendeur qui prenait plaisir à rabaisser ses antagonistes. Car Olivia n'était autre qu'une rivale.

C'était si facile et satisfaisant de rabaisser ses camarades à longueur de journée. Contrairement à ce que l'on pouvait penser, Faith ne s'en lassait jamais. Les premières années ne mettaient que quelques jours à découvrir qui était cette mystérieuse jeune femme qui les terrorisait tant. Aucun d'entre eux n'aimaient la croiser dans les couloirs par crainte de se faire bousculer ou humilier. Pauvres petits crétins sans défense. La brune n'avait pas beaucoup d'amis mais elle s'en fichait royalement. Elle préférait largement être perçue comme une sorcière populaire et tyrannique. Pourquoi tant de haine et d'aversion envers les autres ? Et bien, cela remonte à sa plus tendre enfance.

La sang-mêlée esquissa un large sourire lorsque sa rivale lui répondit sur un ton ironique. Essayait-elle de rentrer dans son propre jeu ? Faisant mine d'être faussement touchée par la remarque d'Olivia, la Serpentard ne tarda pas à répliquer à son tour. Après tout, elle n'avait jamais sa langue dans sa poche. « Garder mes commentaires pour moi ? Bien sûr que non ma chère. Je suis d'humeur généreuse aujourd'hui alors autant les partager. » Se foutait-elle ouvertement de son interlocutrice ? Oui, et alors ? Elle n'avait pas été envoyée chez les verts et argents pour rien. D'ailleurs, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi ils étaient vus comme les méchants de l'école. Certains étaient loin d'être à son niveau et n'avaient pas forcément un mauvais fond. Mais il était vrai que dans tous les cas, les élèves de cette maison étaient supérieurs. Ils avaient des qualités de leaders, ils étaient fiers, ambitieux, rusés, souvent nobles et provocateurs. Ayant des idées de grandeur et un fort dédain des règles imposées, les serpents reflétaient l'excellence, la suprématie, la gloire ainsi que l'élégance. Voilà pourquoi les autres étaient si insignifiants à leurs yeux. Les Gryffondors étaient certes courageux mais pas très adroits, les Serdaigle étaient intelligents mais pas débrouillards et les Poufsouffle étaient créatifs mais complètement stupides. Alors pas étonnant qu'il fallait au moins une maison digne pour rattraper ces incompétences.

Haussant les épaules d'un air désinvolte, la brunette remarqua que la Gryffondor porta une attention particulière à son balai. « Il est superbe, n'est-ce pas ? L'un des meilleurs. » L'admirant avec fierté, elle était certaine que la rouge et or éprouvait une certaine jalousie, et devait envier ce bel équipement qu'elle ne pouvait plus utiliser. « Tu sais quoi ? Je pense que l'on devrait se faire un petit match privé toi et moi à l'occasion. Il est évident que je vais l'emporter haut la main, mais laisse-moi le plaisir de voir ta médiocrité. » Revoilà la provocation. Son adversaire allait peut-être refuser sa proposition, cependant c'était tout de même assouvissant d'observer sa réaction. Cela sera d'autant plus plaisant d'ici quelques minutes, lorsque le match d'entraînement débutera.

La Serpentard ne s'attarda pas sur la réflexion d'Olivia concernant son habillement. À quoi bon puisqu'elle avait tort ? Et oui, se remettre en question n'était certainement pas dans ses habitudes. La brune ne se disait pas parfaite, mais presque. Connaissiez-vous quelqu’un qui pensait avoir toujours raison ? Aviez-vous le sentiment qu’il traitait les autres avec mépris ou supériorité ? Si la réponse était positive, cette personne était peut-être Faith MacGuire. C'était loin d'être la seule ayant ce caractère, puisque les verts et argents se comportaient souvent de la sorte. Des élèves parfois vaniteux et qui s’idolâtraient. La vanité était définie comme l’orgueil et la valorisation excessive de ses propres mérites et capacités. Les élèves de la maison du serpent avaient une très haute estime d'eux-mêmes parce qu’ils se situaient à un niveau plus élevé. Leur personnalité se composait d’un excès d’arrogance et d’orgueil. Bien sûr, ils n'étaient pas tous ainsi, mais telle était la réputation de leur groupe depuis déjà plusieurs décennies.

Après quelques longues secondes de silence, la sorcière pensait que sa rivale allait se dégonfler en refusant sa proposition. Mais contre toute attente, la Gryffondor accepta finalement, question de fierté. « Oh quel honneur ! Je suis ravie que tu te résignes enfin à m'affronter de nouveau. On se retrouve ici-même après l'entraînement quand le terrain sera vide. Rien que toi et moi qui nous envoyons en l'air pour un match ardu. » Ricanant, elle se retourna un instant vers ses camarades qui venaient de l'appeler pour commencer le premier entraînement de la saison. « Tu m'excuseras, mais pour l'instant j'ai mieux à faire. » D'un signe de main, elle fit volte-face et rejoignit le groupe qui entourait le professeur de Quidditch.

Serpentard contre Gryffondor, ils n'allaient pas se faire de cadeau. Dès que le coup de sifflet se fit entendre, les poursuiveurs se précipitèrent sur le souaffle qui passait de mains en mains, ou plutôt, de balais en balais. Les scores étaient proches mais l'attrapeur de Serpentard fit gagner son équipe en un rien de temps. Encore une victoire écrasante contre ces lions bien trop lents et impuissants.

Une heure s'était écoulée depuis le début de l'entraînement. Une fois les discussions terminées entre équipe, la sang-mêlée s'approcha d'Olivia qui était encore dans les gradins. « Ils vont devoir faire bien mieux que cela s'ils espèrent remporter un match. Il semblerait que mon escouade va encore s'emparer la coupe de Quidditch des quatre maisons cette année. » Affichant un large sourire, elle observait les joueurs qui quittaient peu à peu le stade. « Prête pour notre match ? » Rien de mieux qu'un second round improvisé pour se défouler après les cours.

Toutes les deux prêtes pour ce petit match pas si amical que cela, le prix de la victoire était moindre. Pourtant, leur fierté était en jeu. Une fois plus aucun autre élève sur le terrain pour observer leur animosité, la Serpentard s'éleva à son tour, se postant face à sa rivale. Celle-ci la questionna sur le fonctionnement du jeu. Certes, aucun arbitre était présent pour faire respecter les règles. Ce n'était qu'un léger détail, puis de toute façon, les jeunes femmes les connaissaient parfaitement. Aucune restriction n’était imposée à l’altitude que pouvait atteindre un joueur durant un match, en revanche, il lui était interdit de dépasser les limites du terrain. Si l’un des joueurs franchissait ces limites, le souafle revenait au camp adverse. « Nous suivrons les règles principales, toutefois certaines peuvent être légèrement modifiées. » Faith se mit alors à lui expliquer ses propres règles. Par exemple, en cas de blessure, le match se poursuivra. Si l'une ou l'autre déclare forfait cela comptera comme une défaite. D'ordinaire, il était interdit de frapper ou de foncer sur les autres joueurs. Mais aujourd'hui c'était différent, cela n’entraînera pas de penalty. « Nous serons à la fois poursuiveuses, batteuses et attrapeuses. Lorsque la première marquera six buts, le vif d'or sera lancé. Et là, tout sera remis en jeu. Des questions ? » Le ton était donné. Pour une fois, la brune était on ne peut plus sérieuse. L'échec n'était pas une possibilité.

Attrapant un souafle, la sang-mêlée s'éleva beaucoup plus haut dans les airs et se plaça au milieu du terrain. Faisant signe à Olivia de se positionner à son tour, elle se tenait prête à lui lancer. « Je te laisse le privilège d'avoir la balle en première. Après tout, tu es devenue rouillée avec le temps. » En un sourire narquois, elle jeta l'objet en direction de la Gryffondor. La compétition pouvait débuter.

Malgré ce que pensaient les moldus, les sorciers ne s'étaient pas toujours déplacés en balai. Le premier constat était l’inexistence de sortilège pouvant faire voler un humain, sans l’aide d’un objet. Hormis quelques rares animagi capables de se transformer en oiseau ou en chauve-souris, mais incapables de retenir la destination choisie une fois la transformation effectuée, ainsi que de se déplacer sur de longues distances. Les moldus cherchaient chez leurs voisins le moindre signe trahissant la présence de magie, c’est pourquoi, le choix d’un objet commun était nécessaire : le balai.

Olivia avait rattrapé l'objet rond avec brio. La question était maintenant de savoir si elle serait capable de se remettre dans le bain sans un seul entrainement au préalable. C'était un défi risqué pour elle mais après tout, les deux étudiantes avaient quelques fois besoin d'un peu de rébellion et d'amusement. « À toi de jouer ! Mais sache que je ne te ferais pas de cadeau. » La rouge et or était sur le point de foncer vers les anneaux situés derrière son adversaire, mais celle-ci comptait bien l'en empêcher.

Les dés étaient lancés, ou plutôt la balle. Chacune allait défendre son terrain corps et âme. Même si au fond, il n'y avait aucun prix à gagner. Le Quidditch pouvait passer pour un sport sorcier totalement banal, pourtant, peu d'élèves avaient le privilège d'intégrer les différentes équipes prestigieuses de Poudlard. Il fallait avoir un minimum de compétences et de motivation. Mais malgré tout, à travers les générations, le Quidditch de nos jours continuait d'enthousiasmer jusqu'à l'obsession ses nombreux adeptes du monde entier. Quiconque achetait un billet d'entrée à un match était assuré d'assister à une rencontre de grande qualité entre des joueurs d'exception. Et bien que les deux jeunes femmes ne comptaient pas en faire leur métier, cette discipline étant simplement un loisir comme un autre, il était toutefois important à leurs yeux de remporter le trophée de l'école. Pourquoi ? Peut-être bien pour la popularité, la fierté ou bien la détermination provenant de leur personnalité respective.

Olivia fonça rapidement vers les trois anneaux qui étaient situés derrière son adversaire. La Serpentard ne perdit pas une seule seconde et se mit à la poursuivre dans l'optique de lui prendre le souafle des mains ou bien de la déstabiliser de son balai. L'équilibre était très important, les cognards comme les joueurs pouvant faire des dégâts si l'on n'était pas capable de tenir sur son objet volant.

La Gryffondor n'était qu'à quelques mètres des buts, Faith devait agir et vite. Mais trop tard, la balle avait déjà été envoyée lorsqu'elle frôla sa rivale qui n'avait pas raté son lancé. « Bien joué Phelps, disons que tu as eu de la chance sur ce coup-là. » Grommelant, elle devait quand même reconnaître les capacités d'Olivia qui n'avait pas touché un souafle depuis un certain temps.

Une fois l'objet rond récupéré, la brune lui fit part que le cognard était sur le point de venir les enquiquiner afin de pimenter un peu le match. « Surveille tes arrières, cela serait dommage, toi ancienne batteuse, que tu te fasses dégommer par ce fauteur de trouble. » Après un large sourire radieux, la sorcière ne laissa pas de répit à la rouge et or qu'elle contourna sans grande difficulté. Les rôles étaient désormais inversés, c'était bien la première fois que la Serpentard se faisait poursuivre. C'était à vive allure que la brunette se dirigeait vers l'un des anneaux à l'opposé du stade. Prête à marquer, elle fut arrêtée net par le cognard qui vint subitement à sa rencontre. Si elle ne bougeait pas rapidement, il allait la frapper de plein fouet.

Faisant demi-tour, elle passa en-dessous de la jeune fille, en enchaînant une multitude d'acrobaties pour éviter le cognard qui la suivait toujours de près. Il lui fallait un plan, stopper ces deux choses embêtantes d'une pierre deux coups. La sang-mêlée s'arrêta alors sans prévenir et attendit que le fameux cognard soit à sa hauteur pour filer un grand coup de pied dedans. Celui-ci fit donc volte-face et alla sur Olivia qui baissa instinctivement sa tête. Débarrassée de cette foutue balle, la verte et argent put enfin regagner les buts. Un partout, le score pouvait encore changer d'une minute à l'autre.